En 1911, les autorités allemandes n’appréciaient guère les visées colonialistes de la France. Voyez-vous l’Allemagne ne comprenait pas pourquoi ça ne serait pas à elle d’occuper le Maroc plutôt que la France… Alors pour rappeler à la France, qu’ils étaient encore dans la course pour la colonisation du Maroc, les Allemands ont envoyé un navire de guerre à Agadir en prétextant vouloir sauver un citoyen allemand : Hermann Wilberg.

Seulement les Allemands n’ont pas voulu expliciter la cause de leur manœuvre en annonçant leur véritable but à savoir concurrencer les prétentions coloniales de la France. Par « politesse » ils ont préféré annoncer qu’ils avaient envoyé un vaisseau de guerre pour protéger les citoyens allemands au Maroc ! Seul problème, il n’y avait presque pas de citoyens allemands au Maroc en 1911. Heureusement, les renseignements allemands avaient un plan : identifier un citoyen allemand et le…sauver ! Après des recherches qu’on imagine laborieuse, ils parvinrent à contacter un allemand vivant au Maroc s’appelant Hermann Wilberg. Et selon la communication officielle allemande, il fallait maintenant absolument sauver le pauvre Wilberg.
Les renseignements allemands envoient dès lors un télégramme codé à Wilberg qui ne comprendra rien au code vu qu’il n’était pas un espion de profession. Il fallut deux autres télégrammes pour que Wilberg comprenne qu’un navire de guerre avait spécialement fait le déplacement pour venir le sauver ! Et quand il compris enfin ce qu’on attendait de lui, Wilberg s’est précipité vers Agadir pour rejoindre le vaisseau allemand et participer à son propre sauvetage bidon.
Mais il n’atteignit le Port d’Agadir, que trois jours après l’arrivé du navire. Ce qui avait donné le temps à des journalistes d’être présent -arrivés plus vite- pour immortaliser les retrouvailles ,qui prirent une tournure comique : les membres de l’équipage du navire de guerre n’ayant pas reconnu au début le citoyen qu’ils étaient venus sauver.
L’histoire de son prétendu « sauvetage » est à l’époque largement reprise par les médias anglo-saxons qui trouvent une occasion de se moquer de l’Allemagne et de l’imagination débordante de ses services de renseignement. En occident Herman Wilberg devint alors « the endangered german » soit « l’allemand en détresse ». Quant aux médias allemands de l’époque, ils préféreront faire dans la propagande et parler d’une glorieuse opération de sauvetage.