Au premier regard le jeu vidéo semblait s’emboiter parfaitement avec les innovations issues de la blockchain. Après tout, les NFTs par exemple ne pouvaient que satisfaire le gout prononcé des joueurs pour des éléments de personnalisation. Les joueurs sont connus pour être des familiers des monnaies numériques (mais ne reposant pas jusqu’ici sur la blockchain), vu qu’ils participent depuis longtemps aux économies virtuelles de leurs jeux vidéo préférés en gagnant et échangeant des armes ou des équipements leur permettant de monter en niveau afin d’améliorer leur expérience de jeux. C’est donc une évolution naturelle que d’imaginer la possibilité de conférer aux joueurs, à travers la blockchain, de pouvoir gagner de l’argent bien réel. Des jeux comme Axie infinity, basée sur la blockchain, permettant de collecter des créatures similaires à des Pokémon et adossées à des NFT, ont permis de validé le business modèle. En 2020, un anonyme a même payé 130 000 dollars pour acquérir le NFT d’un des Pokémons-likes les plus rares du jeu.
Il n’en fallut pas moins pour que des titans du jeu video tel qu’ubisoft, ou square enix tentent d’adapter leurs produits à ce qu’ils devaient percevoir comme étant le « future ». Sauf qu’ils ont découvert que les joueurs sont des consommateurs bien plus exigeants qu’ils ne le pensaient.
Lorsqu’Ubisoft a annoncé le lancement de NFT, en tant « qu’objet spéciale » dans son jeu phare Ghost recon Breakpoint, l’entreprise ne se doutait pas de l’amertume générale qu’allait susciter son initiative. Les amateurs de jeux vidéo ne connaissant que trop bien les tentations des entreprises du secteur de les dépouiller en leur faisant miroiter des éléments de personnalisation ou d’amélioration de l’expérience de jeux. Résultats, ils boycottèrent massivement les NFT de l’éditeur de jeux vidéo. Ubisoft n’est pas la seule entreprise du secteur à découvrir à ses dépens que les joueurs de jeux vidéo sont loin d’avoir succombé au crypto-enthousiasme ambiant. Les développeurs du très attendu STALKER 2 ont dû faire marche arrière en annulant une décision d’incorporer dans leur futur jeu des « fonctionnalités » en rapport avec les NFT. Devant l’ampleur de la grogne, l’entreprise a dû annuler précipitamment sa décision après l’avoir prise 24h auparavant.
Le mythique éditeur japonais de jeux video Square Enix a aussi créé le malaise dans une lettre publiée à la fin du mois de décembre par son PDG. Dans la lettre en question, le PDG de l’entreprise fait la distinction entre ceux qui jouent « pour le fun » et ceux qui jouent « pour contribuer». Au delà du sacrilège, Square Enix explique qu’elle fait le pari de la « blockchain » car le camp des joueurs qui jouent « pour contribuer » serait amené à évoluer s’ils disposaient de plus « d’incitations explicites » pour générer du contenu in-game, contenu qui attirerait en retour plus d’utilisateurs dans une sorte de cercle vertueux. Traduction ? Square Enix essaye de surfer sur des buzzword tels que « jeux décentralisé » « NFT » ou encore « Metaverse » pour plumer les joueurs. L’idée de voir les joueurs se transformés en commerçants jouant autant pour le fun que le profit étant bien trop alléchante pour les entreprises de jeux video, pour qu’ils passent leur chemin.
En théorie la technologie blockchain permet à des utilisateurs d’échanger des actifs numériques comme les « NFT » ou des « tokens » de manière décentralisé et sûre. Mais dans la pratique, des jeux vidéos tels que le metaverse-like Roblox, permettent déjà ce genre de pratiques. Sur Roblox, les joueurs sont depuis longtemps habitués à la monnaie « robux », le jeu permettant de convertir des robux en dollar dés que le seuil de 350 dollar est atteint.
Par des moyens classiques, les entreprises de jeux vidéo sont donc parfaitement capables de savoir qui possède quoi. Pas besoin de la blockchain pour ca.