Le PIB marocain compte pour 5% du PIB de l’Etat de Californie aux États-Unis. Si l’État de Californie était un pays indépendant, il serait la cinquième puissance économique mondiale. Dépassant en termes de productivité des pays comme la France, l’Italie ou l’inde. Pourtant l’Etat le plus prospère des États-Unis n’arrive toujours pas à finir le projet de ligne de train à grande vitesse qu’il avait annoncé en 2008, soit une année après que le Maroc n’annonce la construction d’une ligne à grande vitesse.
Le projet californien débuta par un référendum populaire. Validé par les électeurs de l’État, le projet fut alors doté d’une enveloppe de 40 milliards de dollars pour une fin des travaux prévue en 2028 et qui aurait alors fait du TGV californien le premier du genre aux États-Unis. Quant au TGV marocain, il fut initié par le Roi du Maroc pour un coût final de 2,4 milliards de dollars, et est maintenant opérationnel depuis 3 ans à l’inverse du projet californien qui a, depuis son annonce en 2008, complètement déraillé.
En 2018, les autorités ferroviaires de l’état de Californie revisitaient leurs estimations en annonçant qu’il faudrait -non plus 40 milliards- mais entre 77 milliards et 98 milliards de dollars pour finir la construction de la ligne à grande vitesse. Cela implique que la réalisation d’une ligne à grande vitesse couterait à l’état de Californie presque 90% du PIB marocain. Particulièrement controversé, le projet californien de LGV accumule les retards et les dérapages budgétaires. Moins polluant que l’avion, sophistiqué, porté par l’État américain le plus riche et légitimé par les électeurs, le projet du premier TGV américain avait tout pour réussir. Il n’en sera rien. Accumulant les retards et incroyablement budgétivore (estimé à 35 milliards au début, il faudrait aujourd’hui 100 milliards pour le terminer), le projet patauge et ne semble pas près d’avancer, alors qu’il était censé entrer en service en 2020.
Les raisons ? Typiquement américaines. Les analystes parlent de lobbying des entreprises automobiles et aériennes qui voient dans le TGV un concurrent indésirable, puis il y’a les expropriations qui conduisent à d’interminables batailles judiciaires ajoutées à cela un management chaotique et vous avez une idée des causes de l’apathie du projet. D’autres analystes, tels que Bill Maher l’un des satiristes américains les plus influents, accuse et dénonce une avidité cauchemardesque qui gangrène l’état de Californie en particulier et rappel qu’en 2016 déjà les autorités de l’État ont entamé la construction de logements sociaux qui devaient couter au départ 140.000 dollars l’appartement, mais qui ont fini par couter 531 000 dollars l’appartement…
Ces échecs, interrogent sur la capacité des organisations publiques à mener à bien des politiques de développement de grande envergure en terrain ultralibérale (libéralisme économique !), car l’État de la Silicon Valley et de Hollywood est quand même un laboratoire mondial d’une certaine forme de capitalisme. Il est aussi particulièrement drôle de noter que le Maroc ait réussi alors que l’État de Californie avec tous les moyens qu’on lui connait, échoue depuis 14 ans à construire ne serait-ce qu’un seul TGV !