The sandman est probablement l’une des adaptations Netflix les plus ambitieuses. En matière d’adaptation d’œuvre de fiction, seule HBO a déjà été aussi audacieuse en adaptant le trône de fer de George Martin en série télé. On se rappel que les showrunners de Game of Thrones avaient déjà relevé le défi de réaliser une adaptation fidèle, d’une intrigue pourtant tortueuse et complexe, risquant de susciter la confusion et le désarroi de leurs téléspectateurs. Après tout, des séries telles que The Wire ou Rome ont été arrêtée ou annulée parce que trop complexe, trop authentique ou trop avant-gardiste, bien qu’elles furent d’important succès critique. Dans le cas de Netflix avec The sandman , le défi est encore plus grand car même pour le monde de la fiction, The sandman est une histoire qui se démarque par son onirisme et par la puissance de son imaginaire. Elle est tellement complexe qu’elle en est philosophique. Tellement authentique qu’elle est toujours surprenante. Tellement avant-gardiste qu’elle est intemporelle. Presque inadaptable pour le « grand public » et à moins d’un miracle, vouée à l’échec commercial. Mais si elle réussit, nul doute qu’elle entrera alors dans la légende à la place qu’elle mérite : celle d’un mythe moderne grandiose et épique.
The sandman : Découvrez Morpheus le seigneur des rêves…
« The Sandman » est un Comic, une bande dessinée américaine comme Spiderman ou Batman. Sur la forme du moins. Sur le fond, « the sandman » est un roman graphique écrit à la différence des BD de superhéros par un seul auteur : l’écrivain Neil Gaiman. Ce dernier, grâce à ses talents littéraires, réussit à imposer une histoire intellectuelle et poétique qui détonne avec le manichéisme et la violence des comics classique. Le « héros » de the sandman, Morpheus, n’est pas masqué, il ne se bat pas pour combattre les forces du mal et sauver le monde. Il n’a pas de large épaule, pas d’armes particulières, pas de demoiselle en détresse à sauver, pas de destin tragique à affronter et pas de superpouvoir particulier…d’ailleurs il n’est même pas humain ! Car le héros de The sandman, Dream , est avant tout une représentation anthropomorphique des rêves. Plus qu’une personnification du rêve, il est le rêve ! Comme ses sœurs et frères : La Mort, le Destin, le Délire, le Désespoir, le Désir et la Destruction, il est l’un des 7 « endless », entités immortelles incarnant des aspects de la psyché humaine. Et ils sont les principaux protagonistes de la pièce de théâtre cosmique qu’est « the sandman ».
The sandman : une métahistoire qui fait réfléchir…
Personnages hors de l’espace et du temps, les 7 héros de « the sandman » sont des créatures anthropomorphiques toutes puissantes qui se divisent le monde et la vie entière. Et leurs tentatives de définir et de s’approprier la réalité constitue l’essence de la trame narrative de l’œuvre. Le « héros » est une personnification des rêves et en tant que telle, il est de facto le prince des histoires, des mythes et de « tout ce qui n’est pas vrai ». Immortel et infini, il ne craint rien. Ses seuls ennuis lui viennent de ses sœurs ou frères eux aussi éternels, comme la très antipathique Desire, sa lugubre sœur la Mort ou son austère frère le Destin.
Propulsé par un imaginaire éblouissant, Neil Gaiman réalise avec The sandman une ode aux mythes, aux histoires et à « ce qui n’est pas vrai ». Il offre aux lecteurs attentifs une métahistoire, c’est-à-dire une « histoire des histoires », une œuvre qui rappelle le paradoxe qui fonde la puissance des mythes : leur capacité à définir la réalité bien qu’ils soient objectivement faux.
The sandman est une histoire qui bouscule les concepts de « vérité » de « faux » de« fiction »et de « réalité » en rappelant leurs enchevêtrements. Comme l’explique si bien Morpheus, seigneur et incarnation des rêves : « Tales and dreams are the shadow-truths that will endure when mere facts are dust and ashes, and forgot.” The sandman sort sur Netflix le 5 aout 2022. Espérons que la série soit aussi bien que l’œuvre originelle.
