Le vendredi 8 avril 1949, dans l’État de Californie aux USA, une foule inquiète s’affairait ce soir autour de Johnny Roventino, un nain publicitaire de Philipp Morris. Une enfant de 3 ans, Kathy Fiscus venait de tomber dans un puits de 35 cm de circonférence (pas plus large que la plupart des volants de voiture) et les secouristes envisageaient de faire descendre le nain de Philip Morris – qui est présent avec son uniforme Marlboro – dans le puits afin de sauver la pauvre enfant coincée 30 mètres sous terre.

Quelques heures auparavant, la mère de Kathy Fiscus alertait les services publics locaux en leur apprenant que sa fille était coincée 32 mètres sous terre. Les premiers officiels arrivés sur scène (pompiers, police et ingénieur communaux) furent tous émus par les pleurs de la petite fille qui ne cesseront qu’à la tombée de la nuit. Alertés par la Radio- média de référence de l’époque – une foule de volontaires, de journalistes et de badauds se forma rapidement et avec eux les propositions de manœuvre pour sauver la petite Kathy. Avant de songer à la mascotte de Philip Morris, on envisagea de faire descendre des Jockeys ou des travailleurs du cirque dont on pensait que la morphologie permettrait leurs insertions dans le puits pour libérer Kathy. Des parents proposèrent même leurs propres enfants comme volontaire. Cruelle ironie, le père de Kathy est le Directeur de la compagnie locale des eaux, soit la même entreprise qui a creusé 30 ans plus tôt le puits dans lequel est tombée sa fille. Son expertise englobant les eaux souterraines et des réseaux de puits de la région l’amènera à interdire formellement de faire descendre un humain dans le puits qui emprisonne sa fille, jugeant l’opération aussi impraticable que dangereuse.
Maintenant écartée l’option de faire descendre un humain encordé, il fallait trouver un moyen technique de faire sortir la petite Kathy du puits. Certains proposèrent des solutions franchement absurdes. Un physicien proposa d’aspirer Kathy en créant un vide dans le puits en y aspirant l’air. D’autres illuminés proposèrent de déverser doucement du sable ou de l’eau dans le puits jusqu’à entrevoir la petite fille flottant à la surface du puits.
La direction des opérations de sauvetage échoit finalement aux travailleurs et ingénieurs des mines et autres professionnelles de la construction. Mais au sein de la communauté de sauveteurs volontaires spécialistes des tunnels et échafaudages, un schisme apparait et déchire la communauté de sauveteurs.
D’un côté, il y’a les patrons d’entreprise d’ingénierie de la construction qui proposent de creuser une énorme caverne ou des engins pourraient descendre pour atteindre les 30 mètres sous terre pour ensuite continuer à progresser vers Kathy horizontalement et plus délicatement. De l’autre, un camp formé par des ouvriers principalement, des spécialistes de fosse septique et autres mineurs, proposaient de creuser un autre puits à côté de celui où est tombée la fillette. Un puits étroit que les ouvriers et les mineurs pourraient renforcer au fur est à mesure avec des tubes d’acier permettant ainsi aux volontaires de progresser sans risquer l’effondrement du puits. Arrivés au niveau de Kathy, ils proposent de tailler ensuite avec précaution un tunnel jusqu’à l’enfant en détresse.
Les ouvriers et les mineurs n’apprécient guère les grosses machines amenées par les patrons de constructions, car ils pensent que les vibrations que ces machines occasionnent sur la terre argileuse pourraient entrainer des éboulements trop dangereux. Finalement, les sauveteurs se décident d’engager les deux plans à la fois. On creusa alors une énorme caverne à l’aide de plusieurs engins de constructions. Et à côté, un puits étroit renforcé avec des tubes d’acier dans lesquels vont s’engouffrer les mineurs harnachés. Le Plan des patrons et ingénieurs se révéla rapidement trop dangereux à cause du risque de glissement de terrain. On l’abandonna alors aux profits du puits étroit des ouvriers. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui atteindront Kathy en 48 heures pour la retrouver morte.



Il est difficile, voire impossible de comparer les opérations de sauvetage de Kathy et de Rayan. S’ils sont morts à une profondeur similaire (une trentaine de mètres), le terrain sur lequel ont opéré les sauveteurs de Kathy et de Rayan est probablement trop différent géographiquement pour pouvoir oser une comparaison.
La tragédie de Kathy transforma aussi tout un secteur : celui des médias. Car c’est pour couvrir les opérations de sauvetage que des producteurs de télévision audacieux lancèrent le premier spectacle de nouvelles « Live » de l’histoire. Ils profitèrent de la présence d’une Tour de transmission fraichement installée près du puits pour oser une diffusion en direct de l’événement tragique. Avant cette tentative, on pensait la transmission en direct impossible et en un sens elle l’était au vu du matériel de l’époque. Les caméras par exemple, avaient la fâcheuse tendance à fondre si elles restaient activées trop longtemps. C’est dire « l’exploit » technique de ces premiers journalistes/producteurs.