Éminent physiologiste, grand spécialiste de la respiration, il consacra une grande partie de sa vie à l’étude de la respiration en condition extrême.
Au cours de sa vie, Haldane étudia l’impact des poussières de silice sur la respiration, l’intoxication au monoxyde de carbone, les accidents mortels dans les mines de charbon, les dangers de la plongée sous-marine, et autres difficultés respiratoires en haute montagne…vous l’aurez compris, John Haldane était une véritable autorité en matière de « respiration extrême ». Mais s’il est encore célèbre aujourd’hui c’est que ses méthodes de recherche étaient aussi impressionnantes que ses résultats. Ainsi, pour étudier les causes qui fauchaient la vie des mineurs de charbon de l’époque, il s’empoisonna méthodiquement en analysant son propre sang, pour ne s’arrêter que lorsque son taux d’oxygénation avait atteint 56% soit à deux doigts d’une mort certaine, rapporte Bill Bryson dans son génial une histoire de tout ou presque. Puis, grâce à des financements de la Royal Navy, il se tourna vers l’étude de la respiration sous l’eau.
La plongée sous-marine est loin d’être une activité dépourvue de risques. Au-delà de quelques mètres, les tympans risquent des dommages irréversibles, les poumons d’imploser, des cailloux sanguins entrainant thromboses ou paralysie peuvent se former… Et si on connait avec autant de précision beaucoup des dangers qui nous guettent dès qu’on quitte le plancher des vaches pour les profondeurs des mers, c’est en partie grâce au courage d’Haldane et de ses volontaires. Pour simuler une remontée rapide des profondeurs et donc un violent changement de pression, il s’enfermait dans une chambre hyperbare spécialement conçue à cet effet. Premières observations : ses plombages dentaires explosèrent. Trevor Norton écrira dans son histoire de la plongée, Stars Beneath the Sea « À peu près chaque expérience se soldait par une crise cardiaque, une hémorragie ou des vomissements. ». Collapsus des poumons, crise d’épilepsie et autres perforations des tympans venaient souvent casser la routine au sein du laboratoire de Haldane. Il nota même que ce dernier type de bobo n’est pas une fatalité, « le tympan en général se soigne ; et s’il y reste un trou, bien que l’on en reste un peu sourd, on peut souffler de la fumée de cigarette par l’oreille concernée, ce qui est un véritable talent de société ».
L’enthousiasme d’Haldane pour les expériences extrêmes était contagieux. On raconte qu’il n’avait aucun problème à convaincre ses collègues et ses proches à se sacrifier pour la science. Bill Bryston écrira à ce propos, « Envoyée simuler une descente dans la fameuse chambre de décompression, sa femme eut un jour une crise d’épilepsie qui dura presque un quart d’heure. Quand elle eut enfin cessé de rebondir sur le sol, on la remit sur ses pieds et on la pria d’aller préparer le dîner. Haldane embauchait joyeusement tous ceux qui lui tombaient sous la main, et même, lors d’une mémorable occasion, l’ancien Premier ministre d’Espagne Juan Negrin. Celui-ci se plaignit ensuite d’un léger picotement et d’une « curieuse sensation de velours sur les lèvres », mais parut s’en sortir sans autre dommage – en quoi il put s’estimer chanceux. Une expérience comparable de privation d’oxygène laissa à Haldane une insensibilité du postérieur et des lombaires qui dura six ans ».