L’annonce du changement de nom de Facebook en Meta à provoquer un déluge d’histoires de terrains virtuels rapportant des ventes se chiffrant parfois à plusieurs millions de dollars. Bien sûre ces histoires ont trouvé un large écho auprès du public, encourageant ainsi une fièvre médiatique autour des opportunités du Metaverse. Sauf que la valeur réelle des terrains virtuels sur le Metaverse ne repose que sur une illusion : celles de l’unicité et de la « finitude du Metaverse ». Certaines entreprises, peu scrupuleuses, commercialisent ainsi des terrains sur leur Metaverse en induisant en erreur une partie du public, trop effrayé à l’idée de rater les opportunités de ce qui ressemble à une ruée vers l’or.
L’illusion du Metaverse
Disons-le clairement, acheter un terrain sur le Metaverse c’est se faire arnaquer ! Pourquoi ? Parce que généralement, les « consommateurs » pensent acheter un terrain sur LE Metaverse. Alors que dans la réalité il n’existe pas UN seul Metaverse, comme il existe UN seul réseau internet, mais DES Metaverses. En effet, comme nous l’expliquions plus en détail, ici, la communication autour de l’existence d’un univers virtuel unique est une fraude, car elle ne correspond à aucune réalité pour l’instant. L’arnaque repose principalement sur une narration autour d’une nouvelle technologie LE métavers, un univers virtuel singulier qui serait le miroir de notre réalité. Acheter donc un terrain sur LE Metaverse, c’est être parmi les premiers acheteurs qui ne peuvent que bénéficier de la montée en valeur des prix de l’immobilier, qui à la manière de parcelles de terrains tangibles, ne peuvent que monter en prix vu leur rareté. Sauf que ce parallèle entre immobilier réel et immobilier sur le Metaverse n’est qu’un mirage. Acheter un terrain à Casablanca sur le Metaverse, c’est acheter un terrain dans « univers virtuels» qui n’est dans le meilleur des cas qu’un jeu vidéo, et dans lequel il est possible de générer un nombre infini de « casablanca ». Plus troublant encore, il existe un nombre incalculable de « Metaverse » avec des services différents et émanant d’entreprises différentes.
Pour renforcer l’illusion, des entreprises comme DECENTRALAND adoptent des éléments de langage propre au secteur de l’immobilier. Par exemple ils ont annoncé le début de la construction nouvelle d’une tour. Sauf qu’il n’y a pas de construction, mais une modélisation 3D d’un immeuble virtuel comme il en existe des millions dans les jeux vidéo… L’hypermarché Carrefour a aussi alimenté cette narration toxique en annonçant l’acquisition de parcelle de terrains sur « LE métavers » , vantant son action comme une preuve de la culture de « l’innovation » de l’entreprise…sauf que sa parcelle de 36 hectares sur le métavers n’est essentiellement que des chiffres encodant les détails de sa transaction avec l’entreprise The sandbox.
Si vous n’avez pas encore compris : tout cela c’est largement des conneries tournant autour d’un concept nébuleux, ressemblant de plus en plus à une bulle spéculative géante, entretenu par le cynisme de certaines entreprises trop heureuses de travestir leur piètre jeu vidéo en Metaverse.