La guerre contre les drogues (sauf l’interdiction de l’alcool en islam, qui est l’une des plus anciennes prohibitions du monde !) est un phénomène plutôt moderne. La preuve avec trois petites histoires sur l’héroïne, l’opium, la cocaïne et la limonade 7up.
L’héroïne
Dans les années 1900, juste après avoir inventé l’aspirine, l’entreprise pharmaceutique Bayer commercialise un nouveau médicament visant à soulager principalement la toux. Mais l’entreprise affirme aussi que son médicament soulage aussi l’asthme, l’épilepsie, les scléroses multiples, les cancers de l’estomac et la schizophrénie. Elle l’appelle Héroïne. Si l’entreprise Bayer réussit à trouver nombre d’applications à son médicament miracle, certains docteurs furent encore plus audacieux et prescrivaient de l’héroïne comme traitement de…l’addiction à l’alcoolisme et à la morphine ! C’est comme si aujourd’hui, votre docteur vous proposez une petite cure de crack pour soigner votre dépendance à l’alcool et la cocaïne…une association connue sous le nom « the Saint James Society » distribuait même des échantillons gratuits d’héroïne aux toxicomanes qui voulaient soigner leurs dépendances à la morphine.
À travers les âges, les médecins ont toujours souffert du biais de la nouveauté en privilégiant les nouveaux médicaments. Ce biais explique en partie l’enthousiasme des médecins à prescrire massivement les nouvelles thérapies. L’attrait des médecins pour la nouveauté est par exemple à l’origine de l’utilisation massive du Valium (un type de benzodiazépines) pour traiter un large spectre de maladies allant de la dépression aux spasmes musculaires, provoquant ainsi des addictions chez nombre de patients. Selon le washingtonpost, l’expérience des patients joue aussi un rôle dans ce phénomène : les drogues procurent des sensations positives à court terme (ce qui explique leurs propriétés addictives) et ces sensations sont interprétées par nombres de patients comme une amélioration de leurs états. Alors qu’en réalité ils ne font que planer un moment avant de sombrer dans l’addiction pour le plus grand bonheur de certaines entreprises pharmaceutiques…
L’opium
L’opium était tellement mainstream que l’Angleterre déclara carrément la guerre à la Chine pour pouvoir lui vendre de l’opium. En 1839, l’empereur chinois décida d’interdire et de confisquer l’opium de son pays.
L’impériale opération antidrogue cibla principalement les traders anglais qui perdirent dans l’affaire plus de 1000 tonnes d’opium. Cela n’a bien sûre pas plu aux vendeurs anglais d’opium qui parvinrent à convaincre leur gouvernement d’envoyer une armada de bateau de guerre pour ravager les côtes chinoises. Les officiels Britanniques essayèrent à l’époque de déguiser leur guerre en une intervention militaire légitime visant à protéger les biens des citoyens et l’honneur de l’empire anglais. Mais les opposants du gouvernement de l’époque réussirent à dénoncer les véritables intentions de leur dirigeant ainsi que le rôle de puissants commerçants d’opium sur le déclenchement de cette guerre. Et grâce à leurs efforts, ce conflit est resté dans l’histoire sous le nom infamant de « guerre de l’opium ».
À la suite de ce conflit, la chine perdit Hong Kong au profit de l’Angleterre. Cet épisode humiliant pour la chine est souvent utilisé aujourd’hui dans la rhétorique officielle chinoise pour attiser les ardeurs nationalistes de la population et dénoncer les Occidentaux.
La cocaïne
Certains médecins étaient tellement fans de la cocaïne qu’ils décidèrent que c’était un médicament miracle. Parmi eux, le célèbre fondateur de la psychanalyse Sigmund Freud qui se fourrait dans le nez tellement de poudre blanche qu’on aurait pu lui couper la tête et écrire au tableau noir avec son cou. Le docteur Freud prescrivait de la cocaïne comme traitement pour l’addiction à l’alcool, à l’héroïne et la morphine…peut-être soignait-il sa dépendance à la cocaïne avec de la…cocaïne !
7up
La limonade 7up ne contenait pas vraiment de « drogue » au sens littéral, mais son cousin « l’antidépresseur », plus précisément : le Lithium. Le lithium est un antidépresseur prescrit pour traiter des troubles de l’humeur spécifiques : les troubles bipolaires. Si la signification réelle du nom « 7up » reste un mystère. Certains suggèrent que le « 7 » de « 7up » fait référence à la masse atomique du lithium et le « up » à l’humeur… D’ailleurs, son créateur Charles Grigg ne manquait pas de promouvoir les vertus de sa boisson sur l’esprit. Les Américains pouvaient déguster la limonade au lithium jusqu’à en 1948, date à laquelle le gouvernement interdit enfin le lithium de 7up.