Quand en février 2022 la Russie avance ses troupes pour envahir l’Ukraine, beaucoup pensaient que la Russie une « grande puissance », ne tarderait pas à capturer la capitale Kiev et à destituer le régime en place. Après tout l’Ukraine est un pays économiquement de taille modeste, souffrant d’une corruption endémique et doté d’institutions post révolution fragile, loin d’être équipé pour faire la guerre à la deuxième armée du monde. Au moment de l’invasion, L’Ukraine n’était donc définitivement pas le belligérant « favori » face à son voisin Russe, une « puissance militaire » historique et emblématique de la région. Quant à Vladimir Poutine, il pensait peut-être sincèrement venir à bout rapidement de l’Ukraine de Zelensky lors d’une opération éclair, comme en témoigne la phraséologie officielle du Kremlin qui a baptisé sa guerre contre l’Ukraine d’ « opération spéciale ». La suite est maintenant connue, la Russie découvre que son armée est loin d’être à la hauteur des ambitions du président Poutine tandis que l’Ukraine reçoit un soutien franc et tangible de « l’Occident ».
Sur le théâtre des opérations, l’armée russe se retrouva rapidement plombée par une logistique cauchemardesque, une incapacité de s’arroger la suprématie aérienne et surtout une résistance Ukrainienne aussi féroce qu’inattendue, car au final l’offensive russe n’a réussi qu’à électrifier la société ukrainienne. La hargne et le courage de l’armée ukrainienne s’explique principalement par l’enthousiasme et le soutien de l’ensemble de la société ukrainienne qui voit l’agression russe comme une menace pour ses libertés politiques et son intégrité territoriale. Alors que l’armée Russe elle ne se bat finalement que pour corriger d’étranges « erreurs » historiques et pour contrer ce qui n’était finalement pour la Russie qu’une hypothétique menace de l’Otan à sa frontière. La résistance ukrainienne a indéniablement transformé cette guerre en cas d’école de l’importance du soutien de la société civile à son armée.
En mars 2022, les ukrainiens prouvent qu’ils peuvent déjouer les pronostics en remportant la « bataille de Kiev » qui verra l’armée ukrainienne repousser des troupes russes lancées dans une offensive de grande ampleur déferlant depuis le Nord, l’Est et le Sud de Kiev. En réponse à cette invasion et enhardis par la résistance héroïque de l’Ukraine, les occidentaux se sont mis à lui fournir des aides militaires et économiques massives, tout en déployant parallèlement des sanctions visant à perturber fortement l’économie russe. Depuis, Poutine a du se résoudre à admettre la réalité de son entreprise : la Russie est incapable d’atteindre ses objectifs à savoir la « dénazification » et la démilitarisation de l’Ukraine par une guerre conventionnelle. Face à cet état de fait, la Russie a annoncé en avril dernier qu’elle allait se concentrer sur la consolidation des territoires conquis de l’Est et Sud de l’Ukraine, entamant ainsi une nouvelle guerre d’attrition qui devait normalement favoriser la Russie qui dispose de la « deuxième armée » du monde.
En juin 2022, l’Ukraine annonce le lancement d’une contre offensive visant à récupérer la ville et la région de Kherson et Mariupol sous occupation Russe. Mais l’annonce ukrainienne ne changea pas la réalité du conflit qui depuis la bataille pour Kiev s’est enlisé en duel d’artillerie, s’étalant sur une ligne front de plus de près de 2000 km.
Durant l’été, c’est le front Sud de la guerre qui semblait concentrer les efforts de guerre ukrainien. Mais les manœuvres ukrainiennes au Sud qui était de notoriété public (annoncée depuis juin) cachaient les intentions réelles de l’État major ukrainien qui préparait parallèlement et discrètement avec le pentagone une offensive « éclaire » en vue d’attaquer et de percer le front Est. En effet, l’Ukraine savait qu’elle avait besoin de « victoire » pour démontrer la crédibilité de ses forces armées. Avec l’aide des américains, les Ukrainiens lancent un « blitzkrieg » sur le front Est permettant à l’Ukraine d’infliger une défaite aussi surprenante que humiliante à l’armée russe qui doit se retirer en hâte face à l’avancée des ukrainiens. L’opération militaire permet à l’Ukraine de bousculer l’idée d’une victoire inéluctable de la Russie tout en conquérant près de 6000 kilomètres carrés de territoire, dont la stratégique ville d’Izium.
Maintenant que l’Ukraine a prouvé au monde sa capacité à attaquer et à arracher des victoires stratégique, commence le troisième chapitre de cette guerre qui voit les occidentaux et l’Ukraine confronter dorénavant face à un sacré dilemme : peuvent-ils s’autoriser à gagner la guerre contre la Russie, une puissance nucléaire de premier plan ?! C’est dans ce contexte que les craintes des conséquences d’une humiliation de la Russie divisent particulièrement le camp occidental. D’un côté ceux qui pensent que l’Ukraine ne doit pas se « brider » pour se battre pour gagner la guerre et d’autres qui pointent le flou sur les objectifs stratégiques face à conflit impliquant une puissance nucléaire.
Pour mieux comprendre le conflit Russie-Ukraine, « punk.ma » vous propose un petit récapitulatif des derniers développements.
Guerre Russie-Ukraine : le point sur la situation
Dans un discours au ton martial, Vladimir Poutine a annoncé hier une expansion de son effort de guerre en mobilisant une 300 000 nouveaux réservistes, tout en brandissant de nouveau la menace d’un potentiel recours à l’arme nucléaire. Ce discours intervient alors que l’Ukraine continue de défier les pronostics en se permettant même de reconquérir des territoires à la Russie, grâce à un soutien massif des Etats-Unis et leurs alliés. La Russie a aussi pris une décision qui risque de compliquer davantage le conflit : l’organisation de référendum en vue de l’annexion de nouvelle partie de l’Ukraine. Cette décision risque d’exacerber énormément les tensions, parce qu’ après l’annexion, une attaque sur ces territoires serait considérée par Poutine comme une attaque contre la Russie. Et le Président Poutine a déjà annoncé par le passé qu’il était prêt à utiliser n’importe quelle arme pour défendre son pays, une allusion à peine voilée à son arsenal atomique. Mais si le Kremlin se décide à attaquer l’Ukraine avec des armes nucléaires, il utilisera probablement des engins nucléaires « tactique » conçus pour être largués sur un champ de bataille plutôt que sur une ville comme les armes nucléaires dites « stratégiques ».
Comment l’Ukraine a réussi à conquérir près de 6000 kilomètres carrés à la Russie ?
Depuis le printemps dernier, on savait que les forces armées de l’Ukraine pouvaient repousser les attaques russes. Mais le monde ignorait jusqu’ici leurs capacités à mener des opérations offensives complexes jusqu’à ce qu’ils réussissent à humilier l’armée russe en lui reprenant plusieurs milliers de kilomètre carré lors d’une attaque éclair sur le front est. Selon le journal « nytimes », la stratégie de contre attaque ukrainienne a été élaboré par les stratèges du pentagone qui ont proposé à l’Ukraine de mener une attaque « lente » sur le front Sud obligeant les russes à y concentrer leurs meilleurs ressources et éléments pour les surprendre après par une attaque « éclair » sur le front est. Les américains ont assisté leurs alliés ukrainiens en partageant avec eux des informations précieuses sur des cibles de haute valeur, comme la position des officiers supérieurs russes, les dépôts de munitions, les heures de passage des satellites d’observations russes, la localisation des batteries antiaériens etc. Mais « attaquer » est généralement plus difficile que de « défendre », c’est pourquoi il est difficile de savoir pour l’instant si l’Ukraine pourra continuer à persévérer dans sa contre-offensive.
Guerre Russie-Ukraine : du côté des armes
Galvanisé par le succès de son armée sur le front nord-est, le président Zelensky fait pression sur son homologue américain, le président Biden, pour qu’il lui envoi un système capable de lancer des missiles à plus de 300 kilomètre, ce que l’Ukraine pourrait utiliser pour atteindre en profondeur le territoire Russe. Un tel système pourrait être utilisé par l’Ukraine pour frapper la Crimée ce qui pourrait être interprété par la Russie comme une provocation majeure. Mais pour l’instant Le président Biden serait toujours réticent à l’idée de fournir ces missiles de « longue portée », il rappelle d’ailleurs souvent à ses collaborateurs (selon le nytimes) que « nous sommes en train d’éviter la troisième guerre mondiale ».
Poutine a déclaré récemment, alors que la Russie est plongé dans le désarroi suite à la défaite humiliante de ses troupes autour de Kharkiv, que « nous nous abstenons d’utiliser toutes nos capacités militaires, mais si la situation continuer de se développer de cette manière, notre réponse pourrait être plus sérieuse ».
Le sujet qui suscite le plus d’emphase demeure les armes nucléaires « tactiques », qui sont des engins plus petits que les dispositifs « stratégiques » destinés à raser les villes. Les armes nucléaires tactiques sont principalement destinées à être employées sur un champ de bataille. Humiliée, la Russie pourrait être tentée de les utiliser contre l’armée ukrainienne. Une telle utilisation signalerait la fin d’un tabou car les armes nucléaires n’ont pas été utilisées depuis Hiroshima et Nagasaki.
Autre fait notable concernant les armes utilisées dans le conflit, il y a la surprenante fébrilité des défenses antiaériennes russes considérées comme étant parmi les plus efficaces du monde. En effet, les S-400 et S-300 sont des batteries antimissiles particulièrement craintes par les aéronefs militaires du monde entier. Ces systèmes qui font partie des fleurons de l’industrie de l’armement russe n’ont pourtant pas empêché, en avril dernier, des hélicoptères ukrainiens de pénétrer le territoire russe et de bombarder un dépôt de carburant pour revenir en Ukraine tranquillement sans être inquiété par systèmes anti-aériens russes. En août, des missiles ukrainiens s’abattent sur des avions de chasse russes stationnés dans une base aérienne en Crimée. La réussite d’une telle attaque signifie que les batteries anti-aériennes russes n’ont pas pu intercepter les missiles ukrainiens. Pour l’instant, il est difficile de comprendre les raisons de telles carences. Pour certains, les sanctions américaines visant à priver la Russie des semi-conducteurs pourraient avoir dégradé les capacités opérationnelles réelles des systèmes russes. Pour d’autres observateurs, c’est l’utilisation des drones pour « saturer » ces systèmes qui pourraient être à l’origine des défaillances de la défense antiaérienne russe. D’autres analystes insistent aussi sur le fait que qu’aucun système de défense antiaérien n’est infaillible et que les échecs russes sont « normales ».
Les batteries anti-aériennes russes doivent aussi faire face aux « High-speed anti-radiation missile » américains et utilisés par les ukrainiens. Ces missiles air-sol tirés depuis un avion sont capables de détecter puis de venir pulvériser les radars des systèmes anti-aériens.
Une autre nouvelle surprenante concerne les drones iraniens utilisés par les troupes russes. Au « Nytimes » un colonel ukrainien a déclaré que l’armée ukrainienne a perdu plusieurs obusiers suite à des attaques menées grâce à ces dorénavant fameux drones suicides iraniens.
Quelques chiffres sur la guerre Russie-Ukraine
Les alliés de l’Ukraine ont promis 83 milliards de dollars en aide économique et militaire
L’Ukraine a perdu plus 20% de son territoire
Les chiffres sur les morts civils sont probablement sous-estimés mais l’Onu parle de près de 5587
Les chiffres sur le nombre de morts côté militaires varient grandement. Les Etats-Unis et l’Angleterre parlent de près 70 000 militaires russes morts alors que la Russie n’a mis à jour son chiffre de 1351 depuis mars dernier. Les ukrainiens affirment avoir perdu plus de 9000 soldats. Tous ces chiffres concernant le nombre de morts sont à prendre avec des pincettes.
Les Etats-Unis ont fourni à eux seuls, plus de 54 milliards de dollar d’aide militaire et économique à l’Ukraine
330 milliards de dollars ont été confisqués à la Russie, cliquez ici pour comprendre comment.